jeudi 30 avril 2015

Sur les traces de Don Cristobal... en République Dominicaine

Nous avons quitté saint Martin le samedi 11 avril vers midi et avions prévu 3 bonnes journées de navigation pour atteindre la République dominicaine. C'était sans compter sur l'entrain de Django qui s'est mis dès le départ à surfer sur les vagues à pleine vitesse. Pour ne pas arriver de nuit nous avons décidé d'avancer sous trinquette avec 2 puis 3 ris à la grand voile mais rien à faire, le bateau ne descendait toujours pas en dessous de 6 noeuds. Nous avons donc tiré des bords de largue devant la baie de Samana en attendant le jour. Le 14 avril, la côte s'est dessinée peu avant 6 heures avec les premiers rayons du soleil. Les dauphins nous ont ouvert voie tandis que les baleines qui viennent se reproduire dans la baie de janvier à mars étaient malheureusement déjà reparties au large.

Nous sommes arrivés à Samana au petit matin et avons mis pied à terre pour les formalités de police et douane. L'autorité portuaire nous a réclamé avec conviction une taxe indue à laquelle nous avions été préparés psychologiquement par un guide de croisière. 2 options : se battre pendant des heures en refusant de la payer ou payer en signifiant qu'on n'est pas dupe. Fatigués des 3 jours de navigation sportifs nous avons opté pour la 2ème solution qui nous a assuré un accueil des plus pacifique et amical.


Dès le lendemain matin nous découvrions les joies du gua-gua, pick-up faisant office de taxi collectif, pour explorer les environs et notamment la cascade El limon.

Sur place, on a essayé de nous faire croire que le guide était obligatoire pour ne pas se perdre dans cette randonnée de 30 mn plus balisée que l'entrée de la tour eiffel. On a ajouté qu'il nous fallait un cheval car la route est boueuse et fatigante. 

Nous ne sommes heureusement pas tombés dans le piège et nous sommes retrouvés seuls touristes à pied au milieu d'une immense file de chevaux transportant les touristes blancs tandis que des dominicains suivaient en courant derrière pour fouetter les bêtes... no comment !

Après un passage rapide à la cascade principale qui vaut quand même la peine d'être vue, nous sommes vite allés nous réfugier à la pequena cascada où nous étions seuls dans un magnifique décor. 

Au retour, toujours à l'arrière d'un gua-gua, cheveux au vent, avec les enfants en uniforme, nous avons bien vite oublié la fatigue de la veille.

De retour à Samana, petite ville colorée et pleine de vie, nous sommes retournés à la marine pour obtenir la permission d'aller à Los haitises, parc naturel situé au sud de la baie. En entrant dans le petit bureau, nous avons été témoins d'une joute verbale très violente entre un marin dominicain et une employée de la marine. Comme au tennis, on s'est mis à tourner la tête de gauche à droite puis de droite à gauche, en observant la gestuelle agitée et en comptant les points. La situation était plutôt amusante mais nous avons quand même fait savoir au bout d'un moment que nous n'allions pas passer la nuit à les regarder hurler. La femme s'est alors montrée avec nous aussi agréable qu'avec le marin Alfredo : "non vous ne pouvez pas rester pour la nuit à Los haitises avec le bateau, d'ailleurs vous ne pouvez mouiller en sécurité nulle part ailleurs qu'à Samana donc vous ne bougerez pas d'ici". Nous avons tenté de lui expliquer que nous avions des dizaines d'exemples de bateaux qui ont pu mouiller librement et où ils le voulaient dans la baie et qu'il existe même un guide nautique à ce sujet. Pour la petite histoire nous avons ensuite appris que samana est en réalité le mouillage le moins sûr de la baie, quelques vols y étant recensés ! Alfredo a tenté de nous aider mais la femme s'est mise à hurler, vider son sac sur son bureau et en a sorti une gousse d'ail qu'elle a épluchée avant de la manger goulûment (véridique !). On s'est éloigné pour respecter une distance de survie et on a fait appel au commandant qui a trouvé une solution pour nous arranger sans trop vexer la folle furieuse. Olivier a été contraint de rédiger un papier selon lequel il était responsable de nos biens, nos personnes et nos vies ! Ça a calmé un peu la femme qui a tout de même refusé de nous donner le papier avant le lendemain matin et  a persisté à ne nous autoriser qu'à passer la journée au parc naturel. On a suivi les conseils avisés d'Alfredo : on a levé l'ancre et sommes restés aussi longtemps qu'on le souhaitait à Los haitises sans rien dire à personne.

Ces quelques désagréments passés, nous sommes arrivés au paradis, au milieu de paysages décrits comme semblables à ceux de la baie d'Along au Viet nam. A Los Haïtises, on se promène en annexe dans la mangrove, on observe pélicans, perroquets et toute sorte d'oiseaux tropicaux, on atteint à pied des cavernes où il reste des peintures des Taïnos (ethnie amérindienne), on part explorer la jungle et on se nourrit de noix de coco et de poissons frais que l'on achète aux petits pêcheurs du coin. Seule ombre au tableau : les moustiques et une chaleur de plomb !




 







On a ensuite fait route vers le fond de la baie, devant la ville de Sanchez, mais les hauts fonds et la forte houle nous ont dissuadés d'y rester. On s'est alors rendu directement à la marina ultra luxueuse et securisée de puerto bahia (spa, club de gym, piscine...) où 6 personnes du port se sont précipités sur le ponton pour nous accueillir. Nous y avons laissé Django quelques jours pour partir l'esprit tranquille avec nos gros sacs de rando sur le dos le lundi 20 avril.

Il nous faudra 3 gua-gua (puerto bahia-la vega, la vega-jarabacoa et jarabacoa-cienaga) et 12 heures de transport pour atteindre la cienagua, petite ville au coeur de la cordillera central (ouest de la République Dominicaine). A Jarabacoa, nous avons dû attendre plusieurs heures le départ d'un gua-gua annoncé "dans 1 heure ou 2 ou 3 ou peut être que le lendemain matin". On s'est assis sur les marches d'une boutique de nourriture pour animaux avec des dominicains qui attendaient aussi que leur gua-gua se remplisse pour pouvoir partir. Pendant cette interminable attente dans une odeur de croquettes pour chien, on a pu observer la ville : les gens qui se font la bise et s'arrêtent pour papoter un long moment sur les marches,  ceux qui mangent le plato del dia acheté dans un comador dans une barquette plastique qu'ils jettent ensuite par terre, un homme qui charge sur sa moto une botte de paille qui fait 2 fois la taille du véhicule et démarre en titubant, un homme qui se promène avec un coq qu'il met dans les bras d'un policier, l'homme au polo Jordan qui passe 3 fois devant nous et nous salue 3 fois, la vieille qui me caresse tendrement le bras en se moquant de moi quand je tente de parler espagnol... en fin d'après midi enfin, après avoir enchaîné les verres d'alcool avec ses copains, notre conducteur s'est décidé à partir. Sur la route il s'est encore arrêté pour reprendre un petit verre, s'est fait inviter à manger à un barbecue au bord de la rivière... heureusement des femmes s'impatientaient et le rappellaient à l'ordre en le klaxonnant ! Avec Olivier, nous étions assis dehors, collés serrés au milieu des sacs de ciment, de plots en bétons et bouteille de gaz avec 4 haïtiens et 1 dominicaine. Les garçons se sont assis sur le toit, la dominicaine s'est couchée sur mes genoux et s'agrippait à moi pour ne pas tomber dans chaque virage, tandis que les haïtiennes et moi étions accrochées de toutes nos forces aux lanières de nos sacs de randonnées. On priait pour que les sacs décathlon soient costauds et pour que le gua-gua en surpoids parvienne au bout des montées. Vers 18 heures enfin nous étions à l'entrée du parc naturel du pico duarte, sommet le plus haut des Antilles perché à plus de 3000 mètres.

Le lendemain matin, au sortir de la tente, mauvaise surprise. Malgré notre carte avec GPS et tout notre équipement pour randonner, le gardien du parc nous refusait l'accès sans guide. Les guides officiels qui se présentaient à nous ressemblaient à des guides de pacotille. Pas un ne parlait un mot de langue étrangère, ils n'étaient pas du tout equipés pour marcher, nous demandaient un prix relativement élevé et exigaient qu'on achète nous-même leur nourriture pour les 2 jours de randonnée. La situation nous a suffisamment énervés pour qu'on décide de laisser tomber le pico duarte. 

Nous avons décidé un peu au hasard en regardant la carte d'aller à pied à Constanza qu'on gagnera 35 km, 2 jours, des courbatures et des ampoules plus tard. Magnifique randonnée dans des paysages déserts : pas un village croisé ; seul un agriculteur qui vit misérablement dans une petite bicoque faite de bois et de tôle et a généreusement rempli nos bouteilles d'eau avec sa source.









 

 


Depuis Constanza on a continué notre périple vers la capitale au sud de l'île, où résident près de la moitié des habitants. Le gua-gua qui nous a conduit à l'arrêt de bus pour santo domingo a crevé. Pas grave, on en a profité pour se goinfrer de fraises fraîches cultivées en masse à Constanza et vendues sur le bord de la route. 

Nous avons passé 2 supers journées à arpenter les rues de saint domingue au son du merengue et du bachata. 

 

 



 

Nous avons ensuite retrouvé notre petit Django que nous avons préparé pour la transat retour.




De retour au mouillage de Samana, nous avons croisé un magnifique bateau de voyage français (http://www.leenanhead.com). Avec son équipage et Dani, un dominicain très sympa, nous avons testé "la saturday night fever" : danse jusque tard au son du merengue. 

Le 27 avril, Nico et Béné nous ont retrouvés pour notre plus grand plaisir à Samana et nous les avons emmenés à Los Haitises où nous commençons à avoir nos habitudes ! On a passé de supers moments. Avec eux, même le carénage a été une partie de plaisir !

  


 


   










D'ici quelques jours nous partirons de la baie de Samana, comme Christophe colomb au retour de son 1ere voyage aux Antilles et espérons que la comparaison s'arrêtera là... don cristobal avait eu un sale temps. On envisage de faire escale sur la route à Turk and Caicos pour une dernière plongée avant le grand bain. 

Enfin, à la question que chaque touriste se pose : la République dominicaine ça craint non ? On répond : presque tous les touristes restent dans des hôtels de luxe et n'en sortent que lors d'excursions organisées. C'est bien dommage de ne pas se plonger dans l'ambiance dominicaine et profiter de la diversité des paysages. Les dominicains, exception faite des autorités douanières et portuaires, sont très accueillants et nous interpellent avec un "mi amor" plein de tendresse. Maintenant oui il faut rester prudent. On se rend compte que ce calme apparent peut bien vite dégénérer en voyant les agents de sécurité devant quelques boutiques armés de fusils à pompe et quand on voit un revolver dépasser du jean de notre conducteur de gua-gua!

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10 commentaires:

  1. Sanchez, cette fameuse ville où les gens sont soit debout soit allongés... :)

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    1. C'est pas loin d'être faux. ... merci pour tes ptit commentaires qui nous font bien marrer ! Profite bien toi aussi de la visite de nico et béné, ce sont des invités exemplaires ☺

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  2. Pas mal les photos (elle est malade celle du perroquet et de jack sparrow), et puis ça fait plaisir de voir d'autres têtes (merci Nico et Béné), on en avait un peu marre.

    Nen, ça donne bien envie d'aller par là-bas !

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  3. C'est vrai, j'avoue, que nous étions venus en touristes à la République Dominicaine et que nous n'imaginions pas la beauté de ces paysages. Gros bisous
    Papé
    PS : Mamé demande si c'est son gendre parfait qui apprend à sa fille à fumer le cigare

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    1. Vu la chronologie des photos et l'assurance des personnages, je parie qu'il s'agit plutôt de Mathilde qui apprend à Olivier à fumer le cigare.
      D'ailleurs, Olivier est beaucoup trop innocent pour envisager pareille chose.

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  4. Très jolies photos! Et quelles aventures. Vs êtes sûrs de vouloir rentrer un jour ?
    Ps : on ajoute vos photos à nos guides de Guadeloupe.
    Bises. P&M

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    1. Il faut rentrer pour repartir un jour, plus loin et plus longtemps... ;-) On a fait du repérage pour vous et on valide : la Guadeloupe c'est génial !!! On espère pouvoir vous voir avant votre départ. Gros bisous

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  5. Vos photos sont très sympas et j'ai bien aimé les aventures en gua-gua, il va falloir vite aller là bas avant que les circuits touristiques trop bien organisés ne fasse disparaître tout ce gentil folklore, c'est tellement beau ! Ces 2 mois aux Antilles vous vont très bien aussi.
    Et maintenant Olivier et Mathilde en mer, attendent vos petits SMS d'encouragement via Irridium messaging, rubrique "Nous suivre et nous contacter".
    Bisous

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  6. Je ne me lasse pas de regarder vos photos et de lire vos articles. Que d'endroits magnifiques que l'on aimerait découvrir à notre tour, et aussi, beaucoup de belles rencontres..... Nous rentrons d'une semaine à New York où nous avons retrouvé les mousses de Saint-Martin, "mousse nageur-plongeur" et "mousse saucisson-chocolat" et leurs parents. Séjour très réussi, nous revenons la tête pleine de souvenirs des bons moments passés ensemble. Nous avons aussi bien profité de New York où nous commençons à nous sentir "comme à la maison". Le temps était formidable et partout les arbres étaient en fleurs, nous avons fait de belles photos.
    Vu le dernier point spot, l'arrivée aux Bermudes, c'est pour très bientôt. N'hésitez pas à laisser un petit message à Mathilde et Olivier, ils sont ravis d'en recevoir!
    Et nous attendons avec impatience le récit de la traversée République Dominicaine - Bermudes.
    Je vous embrasse bien fort.
    Catherine de Brehec

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  7. Après avoir visité le théâtre de la future America's Cup aux Bermudes, demain Django embouque le sillage de la Volvo Ocean Race qui rentre sur Lisbonne, la classe ! Vous faites bateau-balai ... Mais vous allez sûrement en profiter mieux qu'eux, petits détours aux baleines, etc ... mais ce coup ci le soleil se lèvera sur l'étrave, plus sympa pour celui qui sera de quart en fin de nuit !
    On n'oubliera pas, avec tous les fans du blog, de vous envoyer des petits messages SMS Irridium, devinettes et autres petites blagues pour passer le temps entre 2 "rouleaux" ...
    Bon vent, belle mer.
    Papa et maman
    Entendue au mouillage à Chausey "M et Mme Pourfairelavaisselle ont un fils. Comment s'appelle-t-il ?"

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