samedi 1 novembre 2014

Madeira

Salut les amis,

Pour reprendre là où nous vous avions laissés lors de notre dernier post il y a 11 jours, eh oui quand même, ça passe tellement vite ! Surtout à bord où le temps commence à prendre une autre dimension, d'un rythme toujours soutenu mais d'une autre nature.

Donc, pour reprendre, nous sommes partis peu après avoir dit au revoir à notre nouvel ami Didier, son beau Kador et ses trois chats, fait un plein de gasoil (on va pas encore se faire avoir... ), bricolé encore un peu ce fichu enrouleur et notre bien aimé régulateur (sur les conseils avisés de Didier – enfin je vous épargne les détails). Départ donc à 14h, un petit vent NNE nous pousse doucement vers le large et nous nous écartons rapidement de la terre. On passe notre première nuit à zigzaguer entre les cargos qui se feront plus rares par la suite – voire quasiment inexistants sur la fin de la traversée. On se se met dans le rythme « traversée de long court ». Nous alternons les quarts de 3h qui s'agrémentent de lecture, de musique, de poésie... Edgar Alan Poe, Charles Dickens, Thomas Dutronc, M. Jolivet, Robert Badinter et les scientifiques du collège de France entre autres peuplent nos veillées diurnes et nocturnes. Dans la journée, dès que le soleil pointe son nez, nous envoyons le spi pour essayer de gagner quelques nœuds – ça compte à la fin du voyage ! Une fois bien réglé, pour peu que le vent soit stable, Raymond barre à merveille et nous permet de vaquer à nos occupations.












La traversée n'est pas non plus exempte de visites de divers animaux. Les fidèles dauphins, débarquent au pas de charge pour venir rebooster notre moral lorsque le vent se faire rare. C'est impressionnant cette horde d'une trentaine de dauphins fonçant comme des fous et sautant à des hauteurs vertigineuses. Mathilde, qui comme certains le savent a une relation très particulière avec les oiseaux, s'est crue dans un film de Hitchcock en découvrant qu'elle avait partagé pour un quart son cockpit avec un espèce de pigeon – assez moche il est vrai – tapis dans l'ombre. Enfin quelques globicéphales sont passés nous saluer.







Les longues navigations sont également l'occasion de cuisiner. Les conditions sont parfois un peu spartiates et les outils limités, mais c'est tellement sympa de sortir un gâteau ou un beau pain d'une casserole – si si c'est vraiment bon ! et de manger sa pêche. Même s'il est vrai qu'au bout de 3 jours de dorade coryphène on s'en lasserait presque. En tout cas on ne saurait remercier assez Sylvie pour ses pâtés, Nanine pour la mimolette, et tous ceux qui nous ont offert des confitures... Ces denrées épicent nos repas et prennent une saveur toute particulière au bout de 3-4 jours de mer.
Et pour éliminer tout ça il faut bien faire un peu de sport, l'activité sportive se réduisant quand même pas mal, on essaie de faire quelques exercices, ce qui peut être parfois bien comique !









Le vent tourne et devient plus irrégulier à partir du 25/10. Force et direction, quand il y en a une... dépend du grain dans lequel on passe. Dans la même heure nous passons du près 2 ris à une pétole bien épaisse. Je profite donc des calmes pour faire quelques plongées autour du bateau par 3 000 mètres de fonds.




Enfin le 27/10 nous apercevons vers 17h les côtes de Porto Santo, petite île au large de Madère, que nous doublons dans la nuit pour arriver finalement le 28/10 à 12h à Funchal ! L'arrivée sur Madère au bout de 7 jours est magique, une grande partie de l'île n'est que réserve naturel.De la mer, le contraste entre la face Sud illuminée par la lumière des villes et la Nord est saisissant..





A peine arrivés à Madère après une demi journée passée à atterrir – au sens propre - formalités administratives et grand nettoyage du bateau, nous ne perdons pas de temps et partons bien vite explorer cette île formidable. Assez fidèle au souvenir que j'en avais, Madère est toujours le paradis des randonneurs, même si Funchal semble être devenue plus touristique que lors de ma première visite. Nous rayonnons en revenant chaque soir prendre du repos au bateau. 

Le premier jour, nous nous promenons sur la pointe de Sao Lourenço. Désertique, sauvage, pas un arbre ne pousse sur cette extrémité orientale de Madère où la faune et la flore ont été façonnés par les vents du Sahara. Je profite de notre petit escale-pique-nique sur une plage de galets pour un faire un peu de plongée et pour la première fois, je retrouve cette ambiance de « plongée dans un aquarium » propre aux mers chaudes – un peu plus que la Bretagne... Les poissons viennent manger dans la main de petites algues que l'on effrite, c'est magique !




Le lendemain, on s'attaque à de la haute montagne le parcours est ambitieux : Poiso - Pico de Areeiro – Pico Ruivo (point culminant et centre du volcan originel, qui culmine à 1862) – Encumeada soit plus d'une vingtaine de km et un dénivelé conséquent. Partis en bus de bon matin, l'objectif est de rallier Encumeada avant que le dernier bus retour ne passe. Ce qui imposera un sacré rythme surtout sur la deuxième partie du trajet. Mais les paysages sont à couper le souffle. Les sentiers taillés dans la falaise et les tunnels nous font passer tantôt côté Nord tantôt Sud, alternant les vallées 4 mille fois millénaires avec l'océan en toile de fond. L'horaire du bus nous a finalement tellement motivés, que nous débouchons sur la route au dessus d'Encumeada en avance, au moment où l'avant dernier passe devant nous, et c'est donc en courant derrière le bus que nous terminons notre randonnée.





Aujourd'hui, nous avons exploré une des dernières vallées au monde où l'on trouve encore de la forêt primaire. La rando devait être facile mais une erreur de bifurcation et un peu trop d'obstination rajoutent quelques heures et centaines de mètres de dénivelé à notre balade. Une fois encore on termine bien fatigués, mais la beauté de cette randonné récompense largement nos efforts. Nous traversons la jungle immaculée en suivant le réseau de levadas – réseau titanesque de canaux construits par les esclaves à partir du XVeme siècle  à travers l'île pour rapporter l'eau abondante sur la face Nord vers le Sud. Et nous arrivons enfin au Caldeiroa Verde, un cirque creusé par l'eau dans lequel tombe une cascade de 70m de hauteur.








Pour la suite, nous pensons repartir dimanche vers les Canaries, Graciosa à priori. 280 milles, plus ou moins 3 jours suivant les aléas d’Éole.

Nous pensons fort à vous à Terre et vous embrassons très fort !







9 commentaires:

  1. Coucou les amis,

    Ca à l'air vraiment magnifique, mon coté geek me fait dire que ça ressemble un peu à Lost. J'espère que vous ne ferez qu'une bouchée des 280 milles jusqu'aux Canaries.

    Des bisous !

    FX

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  3. Salut les marins et le fan club de Django,
    Visiblement çà a l'air plus calme que sur la route du Rhum, et tant mieux ! Vous allez même peut-être apercevoir les trimarans de la route Sud partis dimanche comme vous, mais de St Malo ;)) !, faites gaffe ils déboulent à 25 N par derrière ... J'espère que vous aller continuer à faire de belles rencontres aquatiques ou terrestres. Je vois qu'Olivier profite du petit temps pour affûter ses gammes, au retour il sera digne de l'orchestre de Django, il y a sûrement du travail mais Mathilde est toujours là quand c'est difficile !
    Gros bisous
    Thierry et Catherine

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  4. Pas mal ta façon de dormir, un peu en portefeuille. J'essayerai la prochaine fois ! Bon vent !

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  5. Bravo Django, 300 milles en 3 jours et Peyron sur son Banque Populaire lancé à 25 N n'a même pas eu le temps de vous rattraper puisqu'il est en ce moment même par 29,44 N 23,03 W, c'est à dire un tout petit plus Nord que vous, il n'était pas loin quand même et risque quand même d'arriver avant vous aux Antilles ;)) !... Donnez nous vite de vos nouvelles.
    Bisous
    Thierry

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  6. Très heureux de vous savoir à Graciosa
    Vivement les photos !
    Fabrice

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  7. Petite pensée pour toi en ce jour d'audit Cofrac !
    Nous espérons que votre aventure se déroule aussi bien que la notre !
    Les photos sont magnifiques, merci de nous faire voyager.
    Alix, Romaric, Marion et Vincent

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  8. Bonjour à vous 2
    Nous avons découvert avec plaisir votre blog.On est contents de savoir qu'un petit morceau de notre First30 est avec vous(ancien réservoir à GO)!!!!
    Profitez bien de votre belle aventure
    Sylvie et Pierre (first30 Meitei)

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    1. Bonjour Sylvie et Pierre,
      Merci pour votre message et surtout pour votre réservoir qui fonctionne à merveille !
      Django espère pouvoir croiser un jour la route de Meitei.
      Mathilde et Olivier

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