Les
plus belles histoires ont une fin, la nôtre a été assez express.
Nous avons fait la traversée retour depuis les Açores sur les
chapeaux de roues. Elle a commencé par un petit crochet à l'est
pour laisser passer le plus fort d'une grosse dépression qui a quand
même soufflé à 35-40 nœuds sur Django. Cet extrait un peu lyrique
vous donnera une idée du décor…
Extrait
du livre de bord d'Olivier - 02/07/2015 3h du matin
« (…)
Au bout d'une petite heure, le vent semble encore monté, la pluie et
les vagues s'intensifient et Raymond fait de bonnes embardées. Je
m'équipe donc pour reprendre la barre. Le vent doit souffler au
moins à 35 nœuds avec en prime de beaux grains. L'écume des vagues
se fait arracher par le vent, le spectacle est vraiment
impressionnant. Les puffins cendrés jouent autour du bateau, planant
et glissant entre les déferlantes. Django va en moyenne à plus de 7
nœuds mais j'ai dû prendre quelques surfs à plus de 10 nœuds
quand le bateau s'élance en vrombissant dans les vagues. Le vent a
ainsi continué à souffler fort avec des périodes de grains
jusqu'au matin. A ce moment, derrière les gros nuages gris, une
grande étendue de ciel bleu est apparue et le vent est rapidement
tombé ce qui, avec la mer encore bien formée, ne rendait pas
l'allure très agréable. Je réveillai Mathilde pour qu'elle prenne
le relais et me couchai enfin »
La
suite de la traversée est restée sportive, Django ne descendant
jamais en dessous de 5-6 nœuds.
On a
même terminé avec un coup de vent en arrivant au petit matin au
large de Ouessant.
Extrait
du livre de bord de Mathilde – 07/07/2015
«
Dans la journée, le vent continue à souffler à 20-25 nœuds mais
le soleil est de retour, entraînant avec lui un regain de moral.
Nous approchons de Ouessant et de son célèbre rail. Nous nous
retrouvons à certains moments de la journée encerclés par des
dizaines de cargos entre lesquels il faut se frayer un chemin… Nous
passons une bonne partie de la journée à observer ce défilé de
mode de cargos. Différentes tailles, formes et couleurs ; il y
en a pour tous les goûts ! Pour l'occasion, nous arborons notre
tenue la plus élégante : gros pull, pantalon de jogging et
grosses chaussettes remontées jusqu'aux genoux. Les dauphins ont
également l'air d'apprécier le spectacle et ils nous accompagnent
en nombre, s'amusant à surfer dans les vagues jusqu'à venir se
frotter contre la coque de Django.
Dans
la nuit, nouveau coup de vent ! 30 nœuds. Il nous faut rester
dehors, équipés de nombreuses couches de vêtements pour affronter
le froid. Plus que le vent, c'est la forte houle qu'il a levée qui
pose problème. Lors de mon second quart de nuit, j'entends un
vrombissement derrière moi. Une vague impressionnante arrive dans
mon dos. Je tente de l'éviter mais c'est impossible. Patatras !
J'ai à peine le temps de m'accrocher au winch que la vague vient
recouvrir le pont et le cockpit. Django tient bon, se redresse (…).
La vague et son impact sur la coque ont réveillé Olivier. Nous
poursuivons ensemble la navigation ».
Django
n'aura mis que 9 jours pour parcourir environ 1 200 milles… il
avait l'air pressé de nous ramener à la maison ! Le 07
juillet, nous voici de retour à l'Aber-Wrac'h où nous apprécions
plus que jamais une bonne douche chaude.
Nous
avons retrouvé la Bretagne comme si nous l'avions quittée la
veille, la même brume dans le chenal de l'Aber-Wrac'h et le même
accueil chaleureux des bretons. Bien sûr, nous n'avons pas dérogé
à la coutume d'aller manger une crêpe à la crêpereie Ty Billig.
Nous
avons ensuite mouillé dans la baie de Brehec où nous avons retrouvé
nos parents, les Bouvier dans leur jolie maison qui domine la mer et
les Frémont sur leur voilier, Saint Sébastien III, mouillé au côté
de Django. Et après avoir bien fêté les retrouvailles, nous
rejoignons le port de Saint Brieuc. Dernière sortie avec Django, les
conditions sont douces, 15-20 nœuds portant, grand soleil (si si ça
arrive parfois !). Nous naviguons bord à bord avec Saint
Sébastien qui en profite pour faire des essais de nouvelles voiles.
Nous retrouvons à Saint Brieuc nos amis bretons, l'ambiance du port
du Légué, les soirées chez Ronan at Lantic Beach avec sa super
bande de copains ; et le temps d'un week-end en Normandie, nos
vieux amis de lycée, rien n'a changé !
A
l'arrivée pourtant, on sent bien que Django n'est pas d'accord avec
notre décision de rentrer à terre et surtout de s'installer si loin
de la mer. Il a son caractère et il sait ce qu'il veut, ce petit
bateau. Après avoir goûté aux grandes traversées, à la douceur
des navigations sous les tropiques et aux escales exotiques, il ne se
voit pas faire des petits tours en manche 15 jours par an. Ni une ni
deux, il séduit Marie-Anne et Thibault, un couple de jeunes
navigateurs désireux de découvrir eux aussi d'autres rivages. Il se
trouve ainsi une nouvelle famille qui va continuer à le faire
voyager au grand large.
Ce
fut l'occasion d'une belle rencontre qui conclut le voyage de la
meilleure façon possible. Nous confions avec une grande joie, mêlée
bien sûr d'un peu de mélancolie, Django à ses nouveaux parents et
leur souhaitons de beaux voyages et de grands bonheur sur Django, car
chi va piano va Django, e va lontano !
De
notre côté, nous avons la tête pleine de souvenirs des belles images, des moments vécus et partagés et d'inoubliables rencontres, mais
aussi de projets montagnards
et rêves de voyage.
Quand le vent commence à monter ... après on arrête de filmer
Petit atelier couture en mer Le traditionnel pâté de milieu de transat
On retrouve quelques conserves dans les fonds
Défilé de cargos en arrivant sur le rail de Ouessant
Arrivée sur l'Aber-Wrac'h, ça caille !
Au mouillage en baie de Bréhec
Dîner en famille sur Saint Sébastien
En route vers le port du Légué
Dernier carénage sur Django
La nouvelle famille de Django
Photo souvenir de la transat retour (merci Tara!)
10 000 milles plus tard !