Bonjour à tous,
Nous revoilà à Dakar après deux semaines dans le Sine Saloum. Au programme : navigation dans les rivières et les bolongs en slalomant entre les bancs de sable, s'échouant et se dégageant quelques fois aussi, le lot habituel des voiliers qui s'aventurent dans cette belle région. Le Sine Saloum en bateau, ça se mérite ! Difficile de résumer notre séjour, les villages par lesquels nous sommes passés ayant tous leur propre ambiance.
Mais pour vous donner une idée :
Imaginez des villages bâtis entre mangrove et brousse, au milieu d'immenses arbres centenaires, habités par des singes verts et des oiseaux multicolores : les baobabs desquels on récolte le bui (prononcé boui) utilisé pour faire un jus délicieux ; les fromagers ; les anacardiers qui donnent les noix de cajou ; les manguiers. Les randonnées dans les réserves naturelles nous ont aussi permis d'observer des phacochères et des traces de hyènes que nous étions contents de ne pas croiser même si les sénégalais nous ont répété tout au long de notre séjour que les hyènes ne s'attaquent pas aux hommes mais font juste des "grimaces" (comprendre qu'elles s'agitent et courent autour des hommes pour les effrayer).
Imaginez des villages construits sur le sable, avec des cases en paille, sans routes, sans voitures, sans électricité ou presque, des panneaux solaires s'implantant petit à petit dans le paysage.
Imaginez que les différentes ethnies (wolofs, lebous, peuls, sérères, diolas...) et religions (musulmans, catholiques et animistes) cohabitent harmonie (bel exemple de tolérance) et s'organisent autour d'un chef de village qui tranche les litiges ou d'une reine âgée de 90 ans pour le petit village de Sipo.
Imaginez que les habitants vivent principalement de la pêche et du tourisme. Les hommes s'en vont pêcher jusque tard la nuit sur des pirogues en bois multicolores. Pendant ce temps les femmes cultivent des fruits-légumes, ramassent les huitres, cuisinent et s'occupent des nombreux enfants. A Djifere, première escale à l'entrée nord du Saloum où nous avons retrouvé deux bateaux français pour fêter noël, nous découvrons que la mondialisation gagne même ce petit village de pêcheurs (coquillages et ailerons de requins envoyés au Japon, poissons séchés conduits au Mali ...).
Imaginez que la famille tient une place centrale. A Mar Lodj, avec les équipages de Galopin et Arz-N-Ael, nous décidons (après un superbe apéro de noël autour de sauterne, foie gras, pain cocotte, saucisson et huitres cueillies au pied de la mangrove) de partir en expédition au village pour assister à la messe catholique de noël. Ambiance assurée avec la chorale et les tam-tam et le prêtre qui ne manque pas d'humour. Son discours tourne principalement autour de l'importance de la famille et il traduit son longue prêche en wolof par trois paroles qu'il nous invite à retenir :
- la 1° : la famille est sacrée
- la 2° : la famille est sacrée
- la 3° : la famille est sacrée
Cela a le mérite d'être clair !
Nous sentons aussi une très forte solidarité au sein des villages. A Mar Lodj, François, notre guide, nous présente le tam-tam du village, placé dans une hutte et qui permet d'avertir les villageois avec une portée de 4,5 kilomètres des feux de brousse, feux de village ou naufrages pour que chacun vienne apporter son aide. Les garçons apprennent jeunes à distinguer les différentes alertes tandis que les jeunes filles y sont initiées lors de leur préparation au mariage.
Imaginez que vous vivez au rythme de l'Afrique, invités par les villageois à passer de longs moments à "tuer le temps" en partageant avec eux un thé bissap ou les 3 thés verts sucrés :
- le thé amer comme la mort
- le thé doux comme l'amour
- et le thé sucré comme la vie
Celui qui prépare le thé passe des longues minutes à le faire mousser en le passant d'un verre à l'autre car "un thé sans mousse est comme une gazelle sans charme".
Imaginez que dans les villages un peu touristiques (notamment Toubacouta) vous ne pouvez pas faire un mètre sans être invités à rentrer dans les cases artisanales "juste pour le plaisir des yeux". Si votre interlocuteur sent une petite démotivation de votre part, il tentera de vous convaincre d'entrer avec la célèbre phrase : "le sénégalais est collant comme une mouche mais ne pique pas comme un moustique". Cette insistance et attente de leur part est parfois fatigante, surtout lorsque vous voulez vous promener tranquillement et que vous êtes alpagués tous les 5 mètres... Heureusement, nous découvrons dans ces villages des personnes qui nous accueillent sans rien attendre en retour. Nous avons particulièrement apprécié l'accueil de Bleu, le cordonnier de Toubacouta avec lequel nous avons longuement discuté autour de thés, ainsi que les moments partagés avec Bakary, un des nombreux petit fils de la reine de Sipo. Nous avons aussi mis pied à terre dans des petits villages, plus protégés du tourisme, où nous avons été accueillis en toute simplicité et avons vécu des moments de générosité parfaitement désintéressés. Notre visite au minuscule village de Maia restera mémorable. Les enfants viennent à notre rencontre sur la plage au doux son des "toubab toubab", nous conduisent à leur chef de village et ne nous lâchent pas d'une semelle jusqu'à notre retour aux annexes. Les jeunes filles s'essaient même à tresser mes cheveux ainsi que ceux d'Audrey.
Enfin et surtout, passer le nouvel an à Soucouta, accueillis dans une famille comme si nous faisions partie des leurs restera certainement l'un de nos plus beaux souvenirs de voyage.
Nous avons pourtant pris conscience qu'au milieu de cette quiétude apparente, les femmes pleurent presque toutes des enfants décédés malgré les grigris qu'ils portent dès leur naissance pour les protéger ; les jeunes rêvent de partir ailleurs, en Europe où la vie serait meilleure. Tous se plaignent aussi d'une baisse importante du nombre de touristes qu'ils imputent à l'instauration d'un visa de 50 euros pour aller au Sénégal, l'impact d'Ebola (un seul cas pourtant déclaré au Sénégal...) et la fin du Paris-Dakar sur leur territoire.
Nous avons aussi réalisé que les crises politiques ne sont jamais très loin. Alors que nous nous trouvions à Missirah à quelques kilomètres de la Gambie, en train de discuter avec des villageois, un habitant arrive en courant avec sa petite radio sur l'épaule : "il y a eu un coup d'état" ! Effectivement, pendant que le président se trouvait à l'étranger, il y a eu une tentative de coup d'état sévèrement réprimée.
Depuis le 5 janvier, nous sommes de retour à Dakar où nous avons eu la mauvaise surprise en arrivant de taper une épave en plein milieu du mouillage... Heureusement nous allions très doucement et les dégâts sur la quille sont superficiels, ce n'est qu'un peu d'antifouling. Notre séjour en Afrique aura été jusqu'au bout plein de surprises ;-) Lorsque nous allons voir le cercle de voile pour se plaindre de l'absence de marquage au niveau des épaves, ils nous expliquent que toutes les bouées qu'ils ont pu poser par le passé pour les signaler ont été volées par les pêcheurs. De notre côté, plus de peur que de mal mais pour éviter que cela arrive à d'autres, voici les positions des 3 épaves immergées et actuellement non signalées :
- 14° 42' 731 N - 17° 25' 324 W
- 14° 42' 778 N - 17° 25' 615 W
- 14° 42' 754 N - 17° 25' 717 W
Nous pensons partir vendredi matin pour le Cap Vert et gagner Boa Vista après une navigation d'environ 3 jours. Grande traversée prévue début février. Nous commençons à sentir que c'est proche et nous y préparons doucement. Nous espérons suivre avec succès les traces de Colombine et son équipage, Noem et Vianney qui sont brillamment arrivés de l'autre côté après une traversée parfois difficile ! Bravo les amis.
Nous laissons encore derrière nous comme à chaque fois de belles rencontres et des amis que nous espérons recroiser sur la route.
Nous ne parvenons pas à mettre en ligne le montage vidéo que nous avions préparé mais voici les photos (très compressées, désolée pour la qualité) :
Arrivée à Djiffer le 23 décembre 2014 :
Noël à Mar Lodj avec Galopin et Arz-N-Ael :
Départ au petit matin pour Mar Lodj |
Maya, le 27 décembre 2014 :
Les bolongs du Delta du Saloum, les 27-28 décembre 2014 :
Toubacouta, Missirah, 29 décembre 2014 au 01 janvier 2015 :
Le grand fromager de Missirah |
Gonolek de barbarie |
Opération sauvetage des WC dès le 1er janvier ! |
Toubacouta |
Bakary et Olivier préparent le thé bissap |
Bleu et son neveu Omar |
Nouvel an à Soucouta :
Sipo, 01-03 janvier 2015 :
Sipo vu du mât |
Réparation de la girouette à l'aide du pot de pâte à tartiner locale ! |
Merci de cette belle narration
RépondreSupprimerBonne traversée
Gros bisous
Merci pour ces belles lettres!
RépondreSupprimersi vous passer à Sal arrentez vous au Bar des français et Chez la belle Arminda pour une petite Boisson locale dans la petite ville de Palmeira! Et EVITEZ ABSOLUMENT la marina de "l'allemand" à Midelo!... sinon vos compagnons ont besoin de quelques choses de l'autre côté... nous sommes la!. Bisous et faites attention à vous.
Ali & Mo'
Coucou Alicia et Morgan, bonne année à vous 2! Si on va à sal on suivra vos conseils. Connaissez vous une alternative à mindelo ? On a entendu de mauvais commentaires mais tous semblent passer par là pour préparer la traversée en l'absence d'autre marina... on a hâte de vous retrouver de l'autre côté autour d'un ty punch. Bisous
RépondreSupprimerEh bien la seule alternative est Praia, mais cela vous fait descendre beaucoup et c'est vraiment "la ville"... Pour ce qui est des commentaires, Mindelo n'est pas si "craignos" que ça. Sécurisez le bateau comme partout, mouillez hors de portée de nage, entre d'autres bateaux (plus beaux de préférence) et évitez la "fausse marina". Ce sont de vils escrocs aux manières peu élégantes (De plus, il vous en coutera 4€ de laisser votre annexe contre le ponton à annexes du petit bar à "skipper" de cette même marina ou un dégonflage voire une crevaison si vous tentez de la laisser entre deux bateaux (il sont sympas et accueillants dans cette petite marina familiale !). Mais vous trouverez la possibilité d'y faire de l'eau et des vivre essaiment. Pour les petites réparations il y à une petit ship dans cette marina mais il n'y à vraiment pas de choix et c'est très cher, évidemment. Au cœur de la ville il y à pas mal de choses, mais il faut s'y perdre un peu. Il y à tjrs quelqu'un pour vous trouver un solution (souvent à l'africaine mais c'est toujours efficace). Pour les grosses réparations?.....eh bien à part le chantier naval à Mindelo, rien à l'horizon. Pour le mouillage privilègiez la partie gauche entre la marina et le club de voile en laissant libre le chenal (matérialisé plus ou moins par des bouées). Si vous choisissez de vous reposer un peu dans cette marina, demandez à être placé sur les premiers pontons, les plus proches de l'entrée, car par coup de vent les bateaux en bout de marina jouent méchamment des maracas! Mindelo c'est une petite ville sympathique mais surtout l'occasion d'aller voir Santo Antao en attendant la bonne fenêtre pour le grand départ ! Surement la plus belle (et verte) îles du Cap Vert!!! Si vous naviguez entre les îles méfiez vous des effets d'évitement et de reflux de courant, parfois violent autour de certaines îles et surtout des vents tournants autour des reliefs ! Bref... profitez de votre arrivée et rangez votre linge blanc, si vous ne voulez pas le voir rougir au premier coup de vent... RDV avant votre départ !!!
RépondreSupprimerdes bisous à vous deux!!! Ali & Mo